Président de la Fondation Magic System, A’salfo, le chanteur du mythique groupe Magic System répond à nos questions et nous parle de son engagement.
Bonjour ! Peux-tu te présenter ?
Je suis Salif Traoré à l’état civil et mon nom d’artiste est A’salfo. Je suis le chanteur principal du groupe d’artistes et musiciens ivoiriens Magic System. Je parle aujourd’hui en ma qualité de président de la fondation qui porte le même nom que notre groupe, Magic System. Je souhaite rappeler que nous avons obtenu la reconnaissance du gouvernement ivoirien, qui a reconnu la fondation association d’utilité publique en décembre 2015.
J’en profite d’ailleurs pour lancer un appel à toutes les structures qui voudraient créer un partenariat avec nous dans la santé, l’éducation, ou l’environnement.
Justement, peux-tu nous en dire un peu plus sur la fondation Magic System ?
Nous avons crée une fondation qui s’engage dans l’éducation, la santé et l’environnement. Nous pensons qu’il est de notre devoir, en tant que citoyens, d’entreprendre des efforts pour le développement du continent africain. Chaque fois que l’occasion se présente, nous essayons d’expliquer notre vision, d’apporter nos idées et de contribuer au bien être des populations en Afrique.
Quand et comment vous est venue l’idée de créer la fondation ?
La création de la Fondation Magic System s’est faite de manière totalement naturelle, c’était une évidence pour nous. L’histoire de notre groupe est intimement liée à notre engagement : C’est celle d’un groupe qui est parti du ghetto, des faubourgs abidjanais, qui a su se battre et qui par son art, a pu arriver jusque là aujourd’hui.
A un moment donné, nous avons pris le temps de regarder dans le rétroviseur et d’opérer un retour en arrière. Il était temps pour nous de rendre en retour après tout ce que nous avions reçu. On ne peut pas dire aujourd’hui qu’on est artiste si on n’a pas de valeur de partage. Je l’ai dit quand nous étions à la signature de la convention de partenariat avec AAD. Nous partageons les mêmes valeurs avec les membres du groupe, notamment de partage, qui font que c’est un devoir pour nous de retourner et d’agir auprès des populations.
La création de la fondation s’est vraiment faite de manière inopportune. De 2006 à aujourd’hui, nous avons mené des actions sans chercher à être reconnus. Pour tout vous dire, c’est seulement en 2014 que nous nous sommes administrativement constitués, pour régler les papiers administratifs et être à jour. On ne faisait pas le travail de la fondation dans le but d’être reconnu, on le faisait par instinct. La fondation n’est pas à caractère promotionnel ; c’est tout à fait normal pour nous, naturellement on devait agir.
Dans quel type d’actions êtes vous impliqués ?
Depuis 2006, nous avons pu réaliser beaucoup de projets tels que la construction d’écoles primaires. Nous avons déjà construit deux écoles à Abidjan, cette année nous allons en inaugurer une nouvelle à Bangolo, et l’an prochain nous en inaugurerons deux, l’une à Gagnoa et l’autre à Séguéla.
Nous avons aussi depuis cette année crée un partenariat avec la fondation African Artists for Development (AAD) qui va nous aider à construire cinq bibliothèques dans les différentes écoles déjà réalisées.
Dans le domaine de la santé, nous avons réhabilité des hôpitaux, ainsi que des pouponnières et des orphelinats. Tous nos projets tendent vraiment à venir en aide à la population ivoirienne.
A ton avis, comment a évolué la vision de l’Afrique aujourd’hui, en termes de développement ?
L’Afrique d’aujourdhui a une vision neuve. Nous sommes face à une nouvelle génération qui a envie de montrer qu’elle peut se prendre en charge elle-même ; et je crois que cette prise en charge passe par de réels partenariats et collaborations bilatérales entre l’Afrique et le Nord, c’est en ce sens que le partenariat avec AAD est très important et symbolique. Cela démontre qu’il peut y avoir un véritable échange entre les continents.
L’Afrique regorge de compétences, mais elle a besoin, tout comme l’Europe, d’échanges et de transferts de compétences pour se développer. Je crois que cet échange Nord-Sud, mené de manière équilibrée, peut être très profitable pour les deux continents ; aucun ne peut évoluer sans l’autre. On a besoin d’échanger et de se nourrir de nos différences afin de mener à bien notre vision et de se développer ensemble.
Pour finir, est-ce que tu peux nous dire quelques mots sur la situation de l’éducation et l’accès à la lecture sur le continent ?
Je suis afro-optimiste mais j’ai envie d’être objectif dans mon jugement. L’éducation a régressé par rapport aux années précédentes. Nos enfants ne savent plus lire, ne savent plus écrire. Des valeurs fondamentales ont disparu du quotidien. L’afflux de la technologie a amené un manque d’attrait et de concentration pour la lecture, l’écriture ; et je crois qu’il faut mettre des réformes en place, un système en place pour que nos enfants réapprennent à lire et à écrire. Les deux vont de paire.
C’est bien de reconstruire des bibliothèques, c’est bien de ramener les gens à la lecture et même si aujourd’hui nous avons l’accès au numérique, cela ne doit pas s’opposer mais aller de paire, en association à une approche pédagogique.
Est ce que tu souhaites ajouter un mot de la fin?
J’aimerais seulement qu’on mette plus en avant la collaboration Nord-Sud, même globale, celle faite d’échanges gagnants-gagnants équilibrés. Il faut s’efforcer de casser une certaine pensée actuelle, la frustration de certains qui ont l’impression d’être commandés. Il est nécessaire de faire valoir l’importance des échanges. Il y a des richesses à partager des deux côtés, il ne faut pas être donneur de leçon alors que tu en as à recevoir aussi.