On dit quoi ? On dit ça va aller ! Fabrice Bwabulamutima

vendredi 05 août 2016
Fabrice Bwabulamutima
Fabrice Bwabulamutima

En charge des ateliers de danse au sein du camp de Molé, le chorégraphe Fabrice Bwabulamutima répond à nos questions.
 
Peux-tu te présenter ?
Je suis Fabrice don de dieu Bwabulamutima artiste, comédien, danseur et chorégraphe congolais vivant à Kinshasa. Je suis aussi initiateur de la compagnie Kong Drama ainsi que professeur assistant à l’Institut national des arts. De plus, je suis coordinateur du programme d’AAD de Refugees on the Move au camp de Molé
 
Justement, comment s’est passée la 1ère phase du programme ?
La 1ère phase s’est déroulée de février à mai 2015. Celle-ci fut pour nous, très riche en souvenirs. Après avoir fait une visite sur les lieux, on a compris que le camp de Molé était un endroit particulier et difficile à vivre…. Mais ce qui était intéressant, c’est que les réfugiés étaient impatients de nous voir arriver.
Plus de 400 personnes se sont inscrites aux ateliers de danse et le spectacle final a été vu par 9 000 habitants du camp. La danse a réellement permis aux participants une reconstruction psychologique et une prise de conscience de leur propre talent.
 
As-tu constaté d’autres impacts positifs ?
– Tout d’abord, pour ce qui est de l’hygiène.
L’UNHCR nous avait prévenu de certaines maladies présentes au camp. Tous les matins, il fallait donc surveiller la propreté des enfants (ongles, cheveux…). Le message était le suivant : pour bien danser, il faut être en bonne santé et parmi les premières précautions à prendre, il y a la propreté. Ces ateliers furent l’occasion d’ajouter des notions d’hygiène. Petit à petit, nous avons vu une réelle amélioration en ce sens.
 
– Le deuxième impact concerne les rapports humains.
L’enfermement et l’ennui visibles au sein du camp se manifestaient par une crainte perceptible. Au début, les participants étaient sur la défensive voire l’agressivité. Les remarques – dans l’objectif de progresser en danse – n’étaient pas bien reçues. Au fur et à mesure, on a vu des changements ; les participants étaient capables de prendre des initiatives : brancher des câbles, gérer les salles, s’entraider… On s’est rendu compte qu’une forme d’« Humanisme » était revenue, une prise de conscience du groupe s’est construite.
 
Justement, qu’est-ce que cette expérience t’a apporté ?

J’avais lu des livres et étudié la fonction sociale de la danse mais ce n’est qu’au camp que je l’ai réellement ressentie et vécue.

La danse n’est pas seulement mouvement, divertissement. C’est bien au delà. C’est toute une philosophie, une école, un traitement de l’âme ; de l’humain, de l’être profond. Cette leçon, je souhaite la partager et l’approfondir lors de la seconde phase.
 
Comment va se passer cette seconde phase ?
Nous allons continuer le travail amorcé lors de la 1ère phase. On doit aussi revenir avec une vision particulière, qui va apporter un plus.
 
Tout d’abord, nous allons former des formateurs, c’est à dire cibler des gens qui vont pouvoir continuer ce même travail dans le camp et en dehors.
 
Ensuite, je veux aller plus loin dans le travail sur l’espoir et l’autonomie : les participants sont les créateurs et les organisateurs du spectacle de restitution. C’est en valorisant et en conscientisant leur travail artistique que l’espoir en l’avenir peut émerger. Nous allons permettre de croire encore en un avenir. Que cet avenir puisse être meilleur que la situation dans laquelle on se trouve.
 
De plus, en créant un spectacle de qualité, les participants vont pouvoir avoir un lieu d’expression.
Il y a un réel besoin de prendre la parole et AAD leur propose de s’exprimer et donc d’exister.